Cette Rencontre(s) avait pour objectif de décrire le processus de métropolisation à l’œuvre dans le bassin de vie de Rouen au cours de la dernière décennie à partir d’une présentation des caractéristiques de son tissu économique, de son évolution et de son positionnement. Elle visait à établir dans quelle mesure celui-ci disposait aujourd’hui des atouts pour s’affirmer comme une véritable métropole.
En complément, l’intervention de Philippe MATHERON, chef de la mission Métropoles à la Datar, a permis de présenter le positionnement du bassin de vie de Rouen en Europe et son insertion dans les réseaux urbains nationaux.
Une identité industrielle réelle, mais à nuancer
Le « bassin de vie de Rouen », tel qu’il est entendu dans cette étude, rassemble les aires urbaines de Rouen et de Louviers, ainsi que les autres communes comprises dans le périmètre d’étude de l’agence d’urbanisme. Il forme un territoire d’un poids démographique et économique conséquent, avec 720 000 habitants et 300 000 emplois.
Le constat communément admis de son « identité industrielle » se vérifie dans une large mesure : avec 15% de l’emploi appartenant à ce secteur, le bassin de vie apparaît comme l’un des plus industriels parmi les territoires comparables*. En corollaire, il possède une forte proportion d’ouvriers, d’actifs dotés de qualifications professionnelles reconnues mais peu diplômés, ainsi qu’un tissu économique structuré par de nombreux établissements de taille intermédiaire (ETI) bien que souvent dépendants d’un siège social situé à l’extérieur de la région.
Ce constat doit cependant être relativisé à la lumière des fonctions de capitale régionale dont dispose le pôle rouennais, qui lui assurent une base économique présentielle plus large.
* Les aires urbaines de Strasbourg, Rennes, Grenoble, Toulon, Montpellier et Douai-Lens possèdent un poids démographique comparable. Celles de Caen et le Havre ont par ailleurs été ajoutées à cet échantillon.
Des avancées significatives et des capacités de progression
Le bassin de vie de Rouen se distingue également par les 39 000 étudiants qu’il accueille, formant le 15e pôle étudiant de France. La diversité de l’offre d’enseignement supérieur lui permet d’être attractif pour les étudiants qu’il peine toutefois à conserver par la suite, faute de leur offrir les opportunités professionnelles auxquelles ils aspirent.
Le bassin de vie de Rouen conserve un positionnement fragile par rapport aux autres aires urbaines comparables dans le domaine des fonctions excercées comme du point de vue des secteurs d’activités (sur-représentation des activités pharmaceutiques, d’assurance ou de sièges sociaux, mais sous-représentation des services aux entreprises) et des emplois de cadres des fonctions métropolitaines.
Il s’avère donc relativement exposé aux variations de la conjoncture, dont il pourra mieux s’affranchir en poursuivant à la fois la diversification de son tissu d’activités et l’amélioration de son environnement économique. #CLEAR
Une inscription encourageante dans les réseaux métropolitains, qui peut encore être renforcée
A l’échelle des agglomérations européennes de plus de 200 000 habitants, le bassin de vie affiche un profil économique diversifié, marqué comme la plupart des agglomérations françaises par une orientation vers les services. Les principaux atouts dont il dispose pour assurer son rayonnement sont ses activités portuaires, ses activités de finance et d’assurance, ainsi que ses sites culturels. A l’inverse, les investissements dans la recherche et les nuitées hôtelières constituent certaines de ses faiblesses.
Au niveau national, le bassin de vie entretient des relations particulières avec un certain nombre de grandes agglomérations françaises, contrairement à Caen qui est davantage tournée vers son environnement régional. Il bénéficie à ce titre d’une bonne insertion dans des réseaux comme ceux du pôle de compétitivité Mov’eo.
Enfin, le système urbain régional dans lequel s’inscrit le bassin de vie de Rouen fait apparaître des liens étroits avec le Havre, mais aussi avec le nord (Dieppe, Eu) et le sud de la région (Evreux). En revanche, peu de relations structurantes existent avec les villes de Basse-Normandie. #CLEAR