Résumé d’auteur – Étendu de Paris au Havre le long du fleuve et de Caen à Fécamp sur la façade maritime, l’espace “Paris-Seine-Normandie” ou “axe Seine” est un territoire majeur au plan national et même européen. Cet espace économique, très structuré par la Seine, rassemble la capitale, deux capitales régionales Rouen et Caen, les aéroports de Roissy et d’Orly (1er et 2e aéroports français), les ports du Havre et de Rouen (2e et 5e ports maritimes français), le port de Paris (1er port fluvial français) qui sont tous de grands équipements générateurs de flux et d’ouvertures internationales, près de 10 millions d’habitants et 5 millions d’emplois. Il concentre 20 % des emplois de la métropole sur seulement 3 % du territoire. Cette proportion d’emplois est même sensiblement plus élevée dans certaines activités fortement implantées en lien avec la présence de la capitale ou celle du fleuve.
L’identité du territoire dépend beaucoup de l’échelle d’observation. Dans une vision globale, l’effet capitale l’emporte avec la présence de fonctions ” supérieures ” fortement implantées à Paris ou Nanterre. Les activités de conception-recherche, les prestations intellectuelles ou encore les activités culturelles sont peu réparties en France et en partie concentrées autour de Paris. Les emplois liés à la gestion ou au commerce interentreprises sont également surreprésentés à l’échelle de l’ensemble du territoire.
Sur la seule partie aval, de Poissy jusqu’à la mer, le territoire présente une identité plus ” productive “. La fabrication, l’entretien-réparation ou la logistique sont les fonctions économiques les plus spécifiques. Les activités industrielles très présentes sont le raffinage de pétrole, l’industrie chimique, la fabrication d’équipements électriques de produits informatiques électroniques ou optiques. Activité emblématique de la basse vallée de la Seine, le raffinage du pétrole mobilise les installations portuaires maritimes et fluviales qui s’étendent le long du fleuve entre Le Havre, Lillebonne et Rouen. Il en est souvent de même de l’industrie chimique très présente à Vernon, Lillebonne, Le Havre et Bernay.
La présence d’activités ” productives ” dans la partie aval est également le fruit de la déconcentration industrielle de l’Île-de-France, promue par l’État dans les années 60. En effet, depuis 50 ans, l’emploi industriel a très fortement chuté dans la partie amont : 3/4 des emplois industriels y ont disparu. Il a connu une évolution plus contrastée dans la partie aval avec une création d’emplois jusqu’au milieu des années 1970 et un recul ensuite. Dans la seule commune de Paris, le nombre d’emplois industriels est passé de 560 000 à 100 000, laissant la place aux activités tertiaires. Dans la partie aval, certains secteurs comme l’industrie pharmaceutique, chimique, automobile ou aéronautique ont même créé des emplois depuis 50 ans.
Avec ses 184 000 emplois, la filière logistique occupe une place importante dans l’économie de l’axe Seine, sans en constituer une activité vraiment caractéristique pour le territoire pris dans son ensemble. Les concentrations d’emplois logistiques observées autour de Roissy, Orly, Saint-Denis ou du Havre sont parmi les plus fortes observées en France. L’affrètement et l’organisation des transports rassemblent de nombreux emplois autour de Saint-Denis, proche des zones aéroportuaires, et du Havre, port de Paris pour le trafic international de marchandises.
Les territoires de l’axe Seine bénéficient de portefeuilles d’activités assez contrastés en matière d’évolution de l’emploi. La partie francilienne de l’axe Seine profite de la présence de secteurs d’activité en essor ces dernières années quand les zones situées plus en aval et concentrant des fonctions ” productives ” souffrent davantage du déclin de l’emploi industriel.
Aujourd’hui, l’axe Seine rassemble des espaces aux fonctions économiques complémentaires. Très peu de territoires français de cette taille peuvent prétendre réunir une telle palette d’activités économiques. Cet espace d’étude et de coopération comprend le centre décisionnel français autour de Paris et Nanterre, l’aéroport de Roissy inclassable tant la structure de l’emploi y est unique. Il regroupe également des pôles urbains diversifiés dans lesquels on peut classer les deux anciennes métropoles d’équilibre, Rouen et Caen, qui aujourd’hui assurent le statut de capitales régionales mais également Vernon, Cergy, Saint-Denis, Vitry sur Seine ou même Orly. Autour du Havre, de Mantes-la-Jolie et d’Évreux, également urbains, les fonctions ” productives ” ou logistiques sont assez présentes. La vocation industrialo-portuaire de l’agglomération havraise l’emporte même sur sa dimension métropolitaine. L’empreinte des activités productives est très marquée autour de Poissy, Lillebonne et des Mureaux. Le tourisme, parisien ou le long de la côte normande, et l’agriculture, notamment au sud de l’estuaire, sont également présents.
Principal témoin des relations économiques entretenues entre les territoires, les entreprises industrielles de la vallée de la Seine dépendent beaucoup du centre décisionnel parisien, plus que celles des autres régions limitrophes de l’Île-de-France.