L’Agence vient de publier une analyse sur les freins aux mobilités durables, un travail mené à partir des résultats d’un millier de réponses à un questionnaire en ligne.
Continuerions-nous d’utiliser la voiture à la même fréquence si l’essence atteignait 3€ le litre ? La réponse est oui. C’est en tout cas ce qui ressort de l’enquête initiée par l’Agence sur l’ensemble du Grand territoire. Ce questionnaire en ligne, auquel 1031 personnes ont répondu, a fait suite aux séquences de travail sur les mobilités initiées dans le cadre de l’Itinéraire Grand territoire.
La voiture prépondérante
Plusieurs enseignements peuvent être tirés de cette enquête concernant le rapport des automobilistes à leur voiture ainsi que leurs freins à la pratique des mobilités alternatives.
D’abord, il apparaît que ce n’est pas le travail qui relie le plus les habitants à leur voiture, mais les achats. 82 % des répondants considèrent la voiture indispensable pour faire leurs courses (coffre à disposition pour les courses volumineuses, limitation du port de charges lourdes, etc.). À égalité, les déplacements pour le travail et les loisirs (75 %) complètent le podium.
Paradoxalement, “seuls” 61 % des répondants estiment que la voiture crée une dépendance. L’enquête montre que le lien qui unit les citoyens à l’automobile pourrait être encore plus fort que la perception qu’on en a. Pour s’en convaincre, il s’agit de regarder le scénario imaginé d’une augmentation du prix du carburant à 3 euros le litre imaginé dans le questionnaire.
Dans cette hypothèse, 83% des répondants ne changeraient pas (46%) ou diminueraient peu (37%) leurs usages. Le changement interviendrait davantage dans les centres urbains (où les modes alternatifs de transport sont plus faciles) et chez les classes populaires et les classes moyennes inférieures (pour qui la pression financière est accrue).
Le report modal qui peine à convaincre
De leur côté, les transports en commun comme le vélo souffrent de multiples freins qui apparaissent encore souvent difficilement dépassables. Au contraire de la voiture considérée comme pratique (41%) et offrant l’autonomie (30%), les freins à la pratique des mobilités douces et actives sont principalement liés à un manque de comptabilité avec les déplacements réalisés au quotidien par les enquêtés.
C’est le cas pour le vélo (pour 53 % des répondants) ainsi que de la marche où 43 % des répondants considèrent que les destinations trop éloignées sont un obstacle. Pour les transports en commun, l’absence ou l’éloignement des arrêts (41 %) et l’incompatibilité des emplois du temps avec les grilles horaires (35 %) constituent les deux principales limites.
Par conséquent, il s’agit de savoir dans quelle mesure les politiques locales peuvent agir pour diminuer la dépendance automobile de leurs habitants afin de répondre aux défis de la décarbonation des déplacements du quotidien.
Les leviers d’actions
L’agence identifie plusieurs leviers pouvant être activés à court ou moyen terme pour favoriser les changements de pratiques modales :
- Aménager des d’infrastructures cyclables sécurisées afin de favoriser la pratique du vélo.
- Résorber les discontinuités piétonnes (absence de trottoir et de passage piéton, détour chronophage, etc.) et sécuriser les cheminements piétons aux abords des axes très fréquentés par les véhicules motorisés.
- Développer la desserte et renforcer la fréquence des transports en commun. Élargir les plages horaires durant la période nocturne (notamment pour les salariés de nuit) et la gratuité à d’autres jours de la se- maine et/ou pour des publics spécifiques.
- Faciliter les pratiques intermodales (aménagement de nouveaux parkings relais, pôles intermodaux, etc.).
La décarbonation des mobilités passe aussi par d’autres initiatives territoriales, interterritoriales, régionales et nationales :
- Le Service Express Régional Métropolitain qui permettrait à terme de renforcer la desserte ferroviaire au sein de l’aire urbaine rouennaise
- Des initiatives d’ententes territoriales entre EPCI sur des projets communs (aires de covoiturage, mise en place d’un Bus à Haut Niveau de Service, etc.)
- Le développement de solutions alternatives (exemple : les véhicules intermédiaires, modes de transport hybrides entre le vélo et la voiture, pourraient également constituer une alternative intéressante pour les territoires peu denses et non desservis par les réseaux de transport collectif).