L’Agence a cartographié les types de vulnérabilités auxquels les ménages du Grand territoire étaient susceptibles d’être exposés. Un travail multicritères qui lui a permis in fine de dresser la carte des espaces les plus à risque. Au total, 11% de la population réside dans une zone géographique cumulant les trois typologies de vulnérabilités.
Être vulnérable, c’est être exposé au risque sans avoir tous les moyens pour y faire face. Ainsi, comment faire en cas d’envolée du prix de l’énergie, de perte d’emploi, d’augmentation du prix du foncier ou de perte d’autonomie ? Face à ces questions, tous les habitants du Grand territoire ne sont pas logés à la même enseigne selon leur profil économique et le lieu qu’ils habitent. Pour travailler sur ce sujet issu du cycle de travail Itinéraire Grand territoire, l’Agence s’est donc d’abord attachée à qualifier les vulnérabilités.
La typologie des vulnérabilités
Ainsi, l’Agence a identifié trois familles de vulnérabilités, chacune jugée au travers de cinq indicateurs :
- Les vulnérabilités liées au logement.
Représentant 31 % du budget, le logement est le principal poste de dépense des ménages. Dans ces conditions, la hausse du coût de l’énergie (+ 31% entre 2016 et 2022) accroît la vulnérabilité des ménages et notamment de ceux qui occupent des logements anciens. - Les vulnérabilités liées aux caractéristiques socio-économiques.
Les ménages pauvres, les familles monoparentales, les personnes âgées figurent parmi les populations les plus vulnérables du territoire. - Les vulnérabilités liées à l’accessibilité géographique.
Avoir tous les commerces au pied de chez soi ou vivre sur un territoire sans service ni transport en commun influe sur le degré de vulnérabilité.
Afin de dresser la carte des vulnérabilités du Grand territoire, l’Agence a défini cinq indicateurs pour chaque type de vulnérabilité. Son analyse permet de faire resurgir trois tendances majeures :
Une vulnérabilité géographique prédominante dans les espaces périurbains et ruraux
Sans surprise, les vulnérabilités liées à l’accessibilité géographique sont fortement présentes au sein des espaces périurbains et ruraux du Grand territoire. Ici, la dépendance à l’automobile est la plus forte et les ménages sont donc contraints de subir la volatilité des prix ou l’avènement de réglementation particulière, comme la ZFE.
Des espaces urbains à la structure sociodémographique plus vulnérables
Si les espaces urbains ne souffrent pas de l’accessibilité géographique, ils sont en revanche plus en proie aux vulnérabilités socio-économiques, puisqu’ils concentrent la plus grande part des ménages en situation de pauvreté. Des disparités existent cependant puisque certaines communes ou certains quartiers concentrent les classes moyennes supérieures, tandis que d’autres accueillent en majorité les populations les moins favorisées.
En revanche, la part des personnes de plus de 65 ans (en situation de vulnérabilité potentielle liée à la perte d’autonomie) est plus importante dans les espaces périurbains et ruraux.
Des vulnérabilités liées au logement qui touchent l’ensemble du Grand territoire
La quasi-totalité des secteurs géographiques est vulnérable face au logement, mais pas pour les mêmes raisons. Certains (une large partie de la C.C. Lyons Andelle, de la rive gauche de Rouen ou de polarités urbaines secondaires, telles qu’Elbeuf Le Trait ou Pavilly) cumulent une double vulnérabilité énergétique (logement et mobilité). D’autres, surtout dans la première couronne périurbaine, souffrent de prix au m2 élevés.
Cette analyse multicritères montre que la vulnérabilité au sein du Grand territoire dépasse largement les habituelles oppositions ville/campagne ou centre/périphérie : les pôles urbains secondaires (Louviers, Barentin, Pavilly, le Trait, Darnétal), les quartiers populaires de communes urbaines (Château-Blanc à Saint-Étienne-du-Rouvray, les Hauts-de-Rouen, etc.) et une partie de la vallée de l’Andelle cumulent bien souvent les trois types de vulnérabilités. À l’inverse, une grande proportion des zones de l’Agglo Seine Eure, du Roumois Seine et d’Inter-Caux Vexin, ainsi que le centre-ville et la région nord de Rouen, présentent un risque d’exposition plus faible.