Les déplacements de la vie quotidienne sont de plus en plus variés et intenses. La mobilité qu’ils traduisent permet de mettre en relation, de connecter des espaces entre eux à l’échelle d’un bassin de vie.
L’agence d’urbanisme de Rouen et des Boucles de Seine et Eure a donc mené une étude au plus près des habitants des espaces périurbains afin de connaître leurs pratiques de mobilité et d’expliquer leurs comportements.
De 1999 à 2010 l’aire urbaine de Rouen s’est étendue et la croissance de la population a été nettement plus forte dans les communes de la couronne périurbaine (9%) que dans le pôle urbain (0,3%). Dans le même temps l’emploi se concentrait toujours dans le pôle. Il en résulte que de plus en plus d’actifs dissocient leur commune de résidence et d’emploi. Dès lors, la mobilité quotidienne est une composante essentielle des modes de vie contemporains, elle se traduit par de nombreux déplacements qu’il convenait de bien caractériser.
Une des particularités majeures de cette étude découle de la diversité et de l’originalité de la matière qui est traitée. En effet, en restituant la parole des personnes rencontrées, elle met en évidence la réalité des modes de vie périurbains, les préoccupations et les attentes des habitants. Ainsi, des phénomènes de mobilité spécifiques se révèlent à la lecture de ce qu’ils vivent et expriment. C’est pourquoi ce document donne une place importante aux propos recueillis.
Les principaux résultats
Une utilisation prépondérante de l’automobile
La voiture personnelle est le moyen de transport privilégié pour les déplacements fréquents. 85% des périurbains l’utilisent pour se rendre vers leur lieu de travail. Tous motifs confondus, ils sont encore 44,2% à l’employer pour réaliser des déplacements de moins d’un kilomètre.
La voiture personnelle est totalement intégrée au mode de vie périurbain et son utilisation n’est pas remise en cause par les habitants mais parfois questionnée et rationnalisée afin peut-être de ne pas l’utiliser exclusivement de tout autre moyen de transport.
L’acceptabilité de déplacements intermodaux
Si les transports en commun sont utilisés par près d’une personne sur deux (à égalité avec la voiture particulière) pour effectuer les déplacements vers les lieux d’étude, ils ne sont cependant pas totalement écartés pour se rendre au lieu de travail car 5% des enquêtés disent les employer pour ce motif.
De plus, 9% des enquêtés combinent plusieurs modes pour réaliser régulièrement leur déplacement le plus fréquent, c’est-à-dire y compris vers leur lieu de travail. Dans la très grande majorité des cas – plus de neuf fois sur dix – ils combinent deux moyens de transport, ils sont ainsi près d’un sur quatre à utiliser leur voiture personnelle et les transports collectifs urbains. En cela ils mettent en œuvre des schémas de déplacement complexes et intègrent l’utilisation des transports publics au quotidien.
L’émergence du covoiturage
Le covoiturage est une pratique de déplacement en voie d’appropriation par les habitants des espaces périurbains.
Un quart des enquêtés dit avoir déjà pratiqué le covoiturage. Le covoiturage est plus facilement employé pour l’accompagnement des enfants et pour les activités de loisirs, cependant il l’est aussi pour se rendre vers le lieu de travail. Dans ce cas, c’est toujours une opportunité liée à des connaissances personnelles ou professionnelles qui a amené au covoiturage. L’aspect monétaire permettant une réduction des coûts de déplacement, n’est pas le facteur premier qui aurait incité les enquêtés. Ils ont plutôt saisi que provoqué l’occasion de covoiturer.
Un ancrage périurbain
Le rapport au lieu et au mode de vie périurbain a également été questionné. Il en ressort que les périurbains enquêtés ont fait un choix résidentiel pour ce type d’espace plutôt que pour une commune en particulier, mais que ce choix est assumé. De plus, le recensement de leurs communes de résidence antérieure montre qu’ils provenaient pour l’essentiel de communes situées à proximité immédiate de leur localisation actuelle. Les habitants affirment nettement vouloir demeurer sur place quitte à mobiliser des ressources et moyens importants pour maintenir ce mode de vie. C’est aussi ce qui ressort de l’étude des communes du lieu d’emploi des enquêtés qui peuvent être distantes de leur domicile. Les habitants périurbains sont encore prêts à consentir à des déplacements d’assez longue portée dont les coûts vont s’alourdissant mais ne remettent pas en cause leur choix de vie.
Un travail restitué en deux temps
Les acteurs du territoire et partenaires de l’agence d’urbanisme ont bénéficié d’une restitution exhaustive de cette étude. Des moments de débats et d’appropriation des résultats ont été proposés notamment par :
- L’organisation des Rencontre(s) du 6 octobre 2011 et la restitution de la première phase quantitative ;
- La publication complète de l’étude en septembre 2013 (phases quantitatives et qualitatives).
Des conclusions partagées avec le réseau des agences d’urbanisme
A l’occasion de la 34e Rencontre Nationale des Agences d’Urbanisme organisée à Amiens du 11 au 13 septembre 2013, une communication dans l’atelier-métier « Mobilité urbaine en campagne » a été effectuée. De plus, un article intitulé « Émergence de nouvelles pratiques de mobilité » est paru dans le numéro d’été 2013 de la revue Traits d’agences.
Ces deux modes d’expression ont été l’occasion de faire connaître les grandes lignes et résultats de cette étude auprès d’acteurs d’autres territoires et de discuter des singularités et des points de convergence des pratiques et comportements de mobilité dans les espaces périurbains des grandes métropoles françaises.